martes, 27 de agosto de 2024
La politique française de qualité architecturale (1970-1990)
Reprendre les bonnes habitudes après les vacances
Le retour de vacances marque souvent un nouveau départ. L'esprit rafraîchi et les idées claires, c'est le moment idéal pour se replonger dans nos passions professionnelles. À partir d'aujourd'hui, je reprends l'habitude de partager régulièrement sur ma profession et ma spécialité : la conservation de patrimoines et la restauration d'architectures et des monuments.
Lors de ma dernière publication, nous avons exploré la Loi Malraux de 1962. Aujourd'hui, faisons un saut dans le temps pour examiner les évolutions entre 1970 et 1990.
La politique française de qualité architecturale (1970-1990) :
À la fin des années 60, la revue L’Architecture d’Aujourd’hui a incarné la pointe d'une critique novatrice menée par de jeunes architectes français. Cette période a été marquée par l'émergence de plusieurs initiatives législatives, portées par l'administration française :
- La circulaire “Tours et barres”,
- Le Plan de construction de 1971,
- La circulaire Guichard du 21 mars 1973,
- Les textes sur les marchés publics d’ingénierie et d’architecture de 1973,
- La Loi sur l'architecture de 1977,
- La mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques de 1977,
- La Loi MOP de 1985, avec ses décrets d’application publiés en 1993.
Ces mesures ont renversé les principes architecturaux qui avaient dominé la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère. Elles ont été déterminantes pour les transformations urbanistiques et architecturales majeures du pays, en particulier dans le centre historique de Paris et sa région métropolitaine.
Je suis ravi de vous retrouver pour cette nouvelle série de publications !
Photographie : AA 189, février 1977.
martes, 6 de agosto de 2024
Rayuela, 1963, Julio Cortázar
Luis Cercos, Grecia, 2023.
Évolution de la Conservation du Patrimoine et de l'Architecture en France (1960-1993)
La Loi Malraux de 1962 a marqué un tournant dans la protection du patrimoine français. Cette loi innovante a créé des secteurs sauvegardés autour des lieux historiques, basés sur la triade d'Aloïs Riegl : (1) Valeur historique ; (2) Valeur de l'ancienneté ; (et 3) Valeur actuelle.
Si les deux premières valeurs étaient déjà reconnues depuis 1913, la valeur actuelle a ouvert un débat crucial sur la protection des monuments et de leur environnement : "Faut-il considérer ceux-ci comme intangibles –tout ou partie? Dans le cas contraire, peuvent-ils fournir le support d’une nouvelle vie? Et si oui, comment?".
En parallèle, de la fin des années 60 aux années 90, la revue "L'Architecture d'Aujourd'hui" a initié une critique qui a mené à plusieurs initiatives législatives :
La circulaire "Tours et barres" ;
Le Plan de construction de 1971 ;
La circulaire Guichard de 1973 ;
Les textes sur les marchés publics d'ingénierie et d'architecture de 1973 ;
La Loi sur l'architecture de 1977 ;
La mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques de 1977
La Loi de maîtrise d’ouvrage de 1985 (Loi MOP) et ses décrets de 1993.
Ces politiques ont redéfini les valeurs architecturales post-Seconde Guerre mondiale, ouvrant la voie à des changements profonds dans le paysage urbain, notamment à Paris et sa région métropolitaine.
Image: La loi du 4 août 1962 dit "Loi Malraux" est conservée aux Archives Nationales de France.
Luis Cercos, conservateur de patrimoines et restaurateur d'architectures, Paris, 2024.
El Amortal
lunes, 5 de agosto de 2024
La Renaissance de la France: De la Reconstruction à la Nouvelle France
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France se retrouvait avec environ un septième de son patrimoine immobilier détruit. Plus de 2 000 000 bâtiments furent endommagés, y compris des édifices historiques de grande valeur. Face à cette situation, le gouvernement provisoire du général Charles De Gaulle créa en novembre 1944 le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, dirigé par Raoul Dautry.
Une des interventions les plus emblématiques fut la reconstruction de la ville de Le Havre, sous la houlette de l’architecte Auguste Perret. Utilisant le béton armé, Perret transforma Le Havre, dont le centre historique fut inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet 2005. Cette inclusion souligne une belle ironie : le béton armé, aujourd’hui controversé dans les interventions patrimoniales, est ici au cœur de la reconnaissance mondiale.
D’autres villes, telles que Brest, Caen, Maubeuge, Rouen et Royan, furent également marquées par des efforts de reconstruction significatifs. Royan, par exemple, fut presque entièrement détruite par les bombardements alliés de 1945, et les travaux de reconstruction débutèrent en 1947.
L’Unité d'Habitation de Le Corbusier à Marseille, construite entre 1945 et 1952, représente une autre réalisation marquante. Ce projet d’architecture moderne influença la construction de logements dans plusieurs autres villes, y compris Berlin, et Le Corbusier fut décoré de la Légion d'honneur lors de l’inauguration de ce bâtiment.
En 1958, un tournant majeur survint lorsque le général De Gaulle invita Pierre Sudreau à rejoindre son gouvernement en tant que ministre de la Construction. Monsieur Sudreau, visionnaire, proposa de passer de la simple reconstruction à la construction d’une "Nouvelle France". Ce changement de perspective marqua la fin des programmes de reconstruction d’après-guerre et l’avènement d’une ère de planification urbaine novatrice.
Ce nouvel élan fut couronné par la Loi Malraux de 1962, sous la présidence de Georges Pompidou. Cette loi visait à protéger le patrimoine historique tout en favorisant le développement urbain moderne. Ainsi, la France entama une nouvelle phase de son histoire, combinant respect du passé et vision pour l’avenir.
Cette période de transformation illustre la capacité de la France à se relever des ruines et à bâtir une nation tournée vers le futur, redéfinissant ainsi son identité architecturale et urbaine.
Photographie : Le Havre, vers 1950, Bibliothèque municipale du Havre.
Luis CERCOS, conservateur des patrimoines et restaurateur d'architectures, Paris, 2024.
viernes, 2 de agosto de 2024
Paris, je t'aime (IV) et au Centre Pompidou aussi je t'aime
Profiter du hasard est une démarche aussi valable qu'importante dans tout projet. Comme les chefs d'orchestre dépendent des musiciens et des instruments, la restauration des centres historiques repose sur de nombreux acteurs pour concrétiser les projets.
Le résultat est toujours incertain avant qu'il ne se produise. Qui aurait imaginé une pyramide de Ming au Louvre ou que trois jeunes architectes étrangers et quasiment inconnus remporteraient le concours du Centre Pompidou en 1971? Tirer parti de l'"aléatoire" exige un suivi constant, mais cela ne signifie pas désordre ou manque de but. L'aléatoire est simplement le reflet des aléas du temps.
Imaginez un groupe d'experts niant la valeur d'une zone historique. Ils élimineraient le problème de la restauration d'un coup, permettant une intervention totalement libre et contemporaine. Sans œuvres antérieures, toute hypothèse devient possible, y compris la démolition ou toute autre transformation.
Cette approche fait écho à la "Théorie de la restauration" de Cesare Brandi. Il définissait la restauration comme la reconnaissance d'une œuvre d'art. Cela s'applique à toute œuvre humaine, de la petite pièce d'orfèvrerie à une partie d'une ville. Protéger administrativement une œuvre signifie déjà intervenir, avec ou sans limites.
Dans le cas du Centre Pompidou, inauguré en janvier 1977, le bâtiment a été construit sur un vaste terrain vacant depuis les années 1930, autrefois un parking. Cette absence de patrimoine à protéger a permis aux architectes une grande liberté créative, limitée uniquement par le plan municipal d'urbanisme.
Photographie, Paris, plateau Beaubourg, vers 1969.
Luis Cercos, conservateur de patrimoines et restaurateur d'architectures, Paris, 2024.