L'Histoire, ou plus précisément l'Histoire de l'Art, ne se contente pas de relater des événements ; elle cherche également à approfondir la connaissance et la vérité, à comprendre pourquoi certaines actions ont été menées ou omises. N'est-ce pas également le but de la restauration de l'architecture ? Depuis les enseignements de la Grèce Classique, l'étude de l'Histoire reste fidèle à l'intention de consigner et de valoriser le passé. Une idée magistralement exprimée par la tradition paléochrétienne : "le passé comme le futur n'existent qu'à partir du temps présent" (Saint Augustin, IVe siècle).
La mémoire collective, notre mémoire et la transmission orale constituent un rappel des choses passées. À l'inverse, un document récemment découvert ou une nouvelle dégradation sur un bâtiment sont des instantanés du présent, nécessitant réflexion et étude méthodologique. Par exemple, la récente découverte des fresques cachées dans une ancienne église.
Enfin, une attente, qu'il s'agisse d'un projet de restauration ou d'une proposition d'intervention, n'est rien d'autre qu'un souhait mis sur papier, une projection du futur, qui se concrétisera ou non. Un bon exemple en est un projet de restauration, qui, après un incendie, représente juste une vision ancrée dans le passé.
Je m'efforcerai d'explorer ces notions dans mes futures publications ici, ainsi que le concept d'horizon développé par le professeur Rainer Warning (1936-2024) dans ses études littéraires, et plus particulièrement dans son œuvre phare, "Esthétique de la réception" (1975) : "Lorsque notre conscience historique se déplace vers des horizons historiques, cela ne signifie pas un transfert vers des mondes étrangers déconnectés du nôtre, mais plutôt qu'ils forment ensemble ce grand horizon mobile qui embrasse la profondeur historique de notre conscience de soi au-delà des frontières du présent. C'est en réalité un unique horizon mobile dont vit constamment la vie humaine et qui la détermine comme son origine et sa tradition."
Conclusion : la restauration architecturale, tout comme l'étude de l'Histoire, est une quête perpétuelle de compréhension et de préservation. Elle nous rappelle que notre passé, notre présent et notre futur sont intimement liés, et que chaque intervention sur un édifice historique est une contribution à notre mémoire collective qui ne peut être comprise sans un engagement et une perspective contemporaine. La simple reconstruction est, dans la plupart des cas, une falsification, de plus en plus fausse à mesure que les années passent et que la mémoire oublie les détails.
Luis Cercos, conservateur du patrimoine, Paris, 2024
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