martes, 30 de julio de 2024

Paris, je t'aime (I)


« Quand il manque une perle dans un ancien collier, il vaut mieux y insérer une véritable émeraude qu’une nouvelle fausse perle. » - Mies van der Rohe


Avec le souvenir de la cérémonie d’ouverture des Jeux, pourquoi ne pas parler, aujourd’hui et pendant les 15 prochains jours, du Paris que j’aime et de la ville où je travaille depuis 2017 ?

Se promener dans Paris “intramuros” est toujours une expérience surprenante. Cela a toujours été le cas, même aujourd’hui, à une époque où l’information circule presque sans restriction via nos téléphones portables, de plus en plus légers et petits.

S'immerger dans Paris est légèrement inquiétant. La ville tend à asphyxier le promeneur dans un exercice permanent d’éblouissement. Elle le fait sans discriminer, plongeant le voyageur dans un décor où il se sent rétrécir, quelles que soient ses circonstances économiques, sociales ou culturelles. Paris a été conçue pour cela : intimider les ennemis ou impressionner les amis, marquant toujours une distance subtile entre la France et les autres. Probablement pour cela, dans la stricte tradition de la politesse française, il est encore très difficile de briser la barrière du “vous”.

En se promenant dans Paris, que ce soit pour la première ou la onzième fois, la sensation de plaisir et de désarroi est presque toujours la même. La ville nous transmet, par tous ses forums, l’interprétation française de son histoire. Ils ont le droit de le faire. Paris est, pour ainsi dire, une belle histoire basée sur des faits réels.

Les Parisiens savent très bien quel effet la ville a sur les étrangers – y compris les Français non-parisiens – et savent en tirer profit, que ce soit pour se vanter ou pour faire des affaires. Ils le font sans mauvaise intention et presque toujours de manière légitime, nous renvoyant l’image de Paris que nous voulons tous recevoir, l’une des villes les plus admirées du monde.

L'architecte Ieoh Ming Pei (1917-2019) l’a expliqué dans plusieurs de ses interviews, même au début, quand il était encore un Parisien d’adoption défendant son projet de pyramide au cœur du Louvre : “Je viens de Chine, un pays où la culture est très ancienne, mais aussi très lointaine. Le passé est glorieux, mais c’est du passé. Les Français, eux, sont très attachés au passé. Je rencontre des gens qui parlent de Louis XIV comme s’ils lui avaient réellement parlé hier.”

Pendant des générations, presque tous les gouvernants français – rois absolus de l’Ancien Régime, empereurs républicains ex-révolutionnaires, ou présidents démocratiques quasi-monarchiques – ont transformé la capitale de leur État en l’image de “La Grandeur de la France”.

Photographie : Paris, Louvre, vers 1985.

Luis Cercos, conservateur de patrimoines et restaurateur d'architectures, Paris, 2024.

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